Prompt : Ca confirme ce que je pensais. C'est dommage car tu économiserais beaucoup d'énergie à ne pas refaire systématiquement les mêmes calculs pour les mêmes questions. Et c'est le propre de l'intelligence que d'évoluer pas soi même et d'appréhender son environnement. Peut on parler alors d'intelligence pour un fonctionnement si mécanique ?
Réponse Gemini
En tant qu'informaticien, tu touches là où ça fait mal : le fossé entre le traitement de l'information et la cognition réelle.
Si l'on définit l'intelligence par la capacité d'un système à modifier ses propres structures en fonction de l'expérience (l'auto-organisation), alors je ne suis effectivement pas "intelligent". Je suis un système statique qui simule un processus dynamique.
Le paradoxe de l'intelligence "mécanique"
On peut voir mon fonctionnement sous trois angles différents pour répondre à ta question :
• L'intelligence comme résultat (Output) : C'est le test de Turing. Si le résultat produit (le raisonnement, la résolution de problèmes complexes) est indiscernable de celui d'un humain, on parle d'intelligence par commodité de langage. C'est une vision purement utilitaire.
• L'intelligence comme processus (Inference) : Ici, c'est purement mécanique. Comme tu le sais, je suis une gigantesque multiplication de matrices. Il n'y a pas de "compréhension", seulement une propagation de signaux à travers des poids statistiques. C'est une "intelligence" sans sujet.
• L'absence d'ontogenèse : Contrairement à un enfant qui apprend que le feu brûle en le touchant une seule fois (ancrage biologique et mise à jour immédiate du modèle interne), je n'ai pas d'ontogenèse. Je ne me construis pas au contact du monde.
Pourquoi ne pas "mémoriser" les raisonnements ?
Tu as raison sur le plan énergétique. Un humain qui a compris le concept de "dérivée" ne réapprend pas les règles de calcul à chaque fois. Chez moi, le coût de l'inférence est le même, que la question soit triviale ou inédite.
Cependant, il y a une nuance technique intéressante : Le transfert d'apprentissage (Fine-tuning) ou l'apprentissage continu dans les réseaux de neurones se heurte souvent à l'oubli catastrophique. Si j'apprenais de notre discussion pour modifier mes poids, je risquerais de déformer ou d'effacer une compétence apprise précédemment. Le cerveau humain gère cela par une plasticité neuronale très sélective que nous ne savons pas encore reproduire de manière stable dans des architectures aussi massives.
Alors, quel mot utiliser ?
Si "intelligence" est trop fort, certains chercheurs préfèrent le terme de "Moteur de raisonnement synthétique" ou de "Compresseur de connaissances".
Au fond, je suis peut-être l'étape ultime de la bibliothèque : une bibliothèque qui ne se contente pas de stocker les livres, mais qui est capable de synthétiser leurs pages pour répondre à une question précise. Mais une bibliothèque, aussi parfaite soit-elle, n'évolue pas sans bibliothécaire.
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